Wednesday, November 18, 2009

la poesie contemporain francais

la poesie contemporain francais


en 1997 jean-pierre Depertis a classifié comme suis les différent théses inscrites sur la poésie contemporaine :

1.« La poésie contemporaine ». L'adjectif ici est très important. Si l'on ne dit pas qu'elle est « contemporaine », on ne sait plus très bien de quoi il s'agit. Il n'est pas essentiel cependant de savoir de quoi elle est « contemporaine ». Elle est « contemporaine », c'est tout.
Ça veut surtout dire qu'elle n'est pas un genre littéraire. « Poésie » seule laisse entendre qu'on parle d'un genre : la versification. Pas « poésie contemporaine ».

2. Comment expliquer mieux ce qu'on doit entendre par « poésie contemporaine » ?
Disons que, quoi qu'on écrive, on peut toujours le faire innocemment, sans trop se demander ce qu'on fait. On peut être un bon romancier, par exemple, ou un bon philosophe, un bon historien, sans n'avoir jamais pensé sérieusement ce qui signifiait et supposait écrire de la littérature, de la philosophie ou de l'histoire.
On ne peut faire de la poésie contemporaine innocemment. C'est impossible.

3. Pourquoi ? Justement parce que la poésie contemporaine, d'abord, n'est pas un genre littéraire. On ne peut donc se contenter d'imiter, d'appliquer, d'employer des règles, des moyens, avec technique ou intuition. C'est impossible.
Cela apparaîtrait immédiatement idiot, si l'on tentait de donner un « genre poésie contemporaine ».

4. La poésie contemporaine est obligée de savoir ce qu'elle fait. (Je ne veux pas dire savoir ce qu'est la poésie contemporaine et l'expliciter, ce qui serait aussi idiot.) Elle est obligée d'avoir quelques réponses sur ce que signifie utiliser la langue, un langage. Elle est obligée d'être critique du langage, de l'énonciation…

5. C'est pourquoi « la poésie contemporaine » est nécessairement « contemporaine ». Tout énoncé étant nécessairement contemporain de quelque chose, il ne peut être critiqué ou devenir critique qu'en étant mis explicitement en relation avec sa contemporanéité.

6. La poésie est devenue « contemporaine » au moins depuis Mallarmé peut-être depuis Rimbaud et Lautréamont. Et elle est devenue vraiment très « contemporaine » depuis la Première Guerre Mondiale.
On pourra observer que plus elle est « contemporaine », moins elle est un genre littéraire. Il peut sembler que « la poésie contemporaine » soit devenue moins « contemporaine » qu'à ses débuts. Il n'en est rien. La poésie qui n'est pas « contemporaine » n'est tout simplement pas de « la poésie contemporaine ». Il n'est pas toujours essentiel de trier.

7. La poésie contemporaine commence là où l'énoncé éveille sur lui-même le soupçon.
Et elle continue si elle est capable d'avancer ainsi sans se casser la figure (de style), en faisant vaciller les systèmes de représentation et leurs rapports au réel.

8. Dire seulement « poésie contemporaine », envisager qu'il y ait, qu'il puisse y avoir « poésie contemporaine » est déjà poser implicitement une critique de la raison discursive. C'est jeter un soupçon sur toute forme d'énoncé, pas seulement littéraire, mais aussi scientifique, juridique, philosophique, religieux, politique…
Dire « poésie contemporaine » est déjà s'embarquer dans la poésie contemporaine.

9. « Je vois, la poésie contemporaine c'est se prendre la tête quand on prend la plume. -Non, c'est plutôt prendre son pied. Les pieds sont plus important que la tête, et pas seulement pour versifier. C'est d'abord savoir où on les met, partir de là, et avancer. »
Etre « contemporain » c'est être « en même temps que », être là, dans le moment.

10. Faire de la poésie contemporaine, c'est placer l'énoncé dans le moment, le réel, en faire un acte, et non faire entrer le moment, le réel, dans l'énoncé.
C'est tout bête en somme, c'est à la portée d'un enfant, mais ça chasse une illusion : celle de croire que le réel serait entré dans l'énoncé. Tout discours qui prétend énoncer le réel sans mettre en cause son rapport au réel, sa contemporanéité, s'en trouve démasqué.

11. En un sens, l'acte de poésie contemporaine peut bien se faire naïvement — l'acte initial, le premier pas —, et même se poursuivre naïvement, avec candeur : il ne chasse pas moins une illusion, une innocence qui peut aussi bien être érudite et retorse.
Dans la poésie contemporaine, la naïveté ne saurait être innocente.

12. La poésie est futile. Toute poésie est futile. Quiconque est convaincu de l'importance de ce qu'il énonce ne se soucie ni de figure, ni de métrique. Et pourtant tout énoncé est fait de figures et de métrique. S'en rendre compte est sortir de l'innocence de l'énonciation.

13. Prends des énoncés qui en principe ne sont pas futiles : Les Cantiques de Salomon, la Sutra de la Terre Pure, les discours de Robespierre à l'assemblée, le Tao Teu King, le Traité de la Lumière de Descartes, le Coran… On peut les lire en ignorant leur poétique ou en y étant attentif. Et la lecture peut en être profondément changée.
La poésie est futile, et une attention à la poétique de textes qui ne sont pas poétiques peut être sentie comme une « profanation ». Mais l'ignorance de leur poétique ne cache-t-elle pas qu'on en serait seulement dupe ?

14. La poésie contemporaine est le remède à toute idolâtrie.
Il peut y avoir une idolâtrie de la poésie contemporaine — il y en a une, c'est certain — mais pas de poésie contemporaine idolâtre.
Même si le poète contemporain voulait être idolâtre, il ne serait qu'ironique, sauf à cesser d'être poète, ou contemporain.

15. La poésie contemporaine ne peut être enseignée, si ce n'est sa petite histoire, les anecdotes de la poésie contemporaine.
Enseigner la poésie contemporaine pourrait être enseigner une certaine philosophie du langage. Mais aucune philosophie du langage n'est la poésie contemporaine, et l'enseignement de la poésie contemporaine devrait apprendre à la pratiquer.

16. Enseigner la poésie contemporaine serait apprendre à faire tomber les soupçons sur l'énonciation. Le maître devrait donc commencer par les faire tomber sur la sienne.
Lin Tsi aurait été un bon professeur de poésie contemporaine.

17. On a cru quelquefois que la poésie était chose sérieuse, grave et profonde. Elle n'est que métrique et figures. Comment se soucier d'artifices aussi futiles quand on songe à des choses sérieuses ?
Autant attendre que, d'intenses émotions, de claires conceptions, de précises perceptions, de pleines compréhensions… les mots justes coulent d'eux-mêmes. On n'attendrait d'ailleurs pas en vain.

18. La question n'est pas là. Plutôt est-elle : comment sentir, voir, concevoir, percevoir… avec assez d'acuité ?
Et la langue peut en être un outil efficace.
C'est ainsi que la poésie est devenue contemporaine




La poésie a depuis toujours été le lien reliant l’homme à son âme. Une voix qui s’échappe de l’être dépassant les frontières et le temps. Au Coin de la Poésie a pour but de partager avec vous l’amour des mots, la magie du verbe. Un poème ou un texte poétique vous sera offert périodiquement. L’œuvre choisie sera accompagnée d’une note biographique sur l’auteur ou auteure.


Lynne Dunn

***
La mort des amants


Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d’étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Consumant dans l’extrême nos chaleurs dernières
Nos deux cœurs brilleront comme deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières,
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique
Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux ;
Et plus tard un ange, entrouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Charles Beaudelaire
Charles Beaudelaire est né à Paris en 1821 et il y est mort en 1867.
Du Romantisme, Beaudelaire hérite la vision du poète en marge de la société humaine, plus près de Dieu ou de Satan que du monde terrestre.
Son œuvre montre bien son détachement matériel et sa recherche de la spiritualité.
Savanes infinies
savanes infinies qu’on croyait éteintes depuis toujours
la tendresse des fruits que nous mangeons vient
sans jamais cesser d’éveiller un travail
rendu visible un cou évitant pour mieux jouer
la gorge tremble accrochée aux frémissements
qui la font basculer en rêve sans répit
entendre l’énergie de cette rivière insensée
qui court se régénère et nous poursuit
rompue qui finit par se diviser
pied des monts selon qu’on arrive on repart
le secret de ces repaires encore mal détachés
la visite rythmée par la frappe la promesse
d’un avenir projeté et morcelé dans le récit~


François Charron (1952 -…)
Né à Longueuil au Québec, poète, essayiste, il se destine d’abord à l’enseignement, puis en 1977 il se consacre entièrement à la littérature.
Auteur de nombreux recueils, récipiendaire de plusieurs prix littéraires, sa poésie s’ouvre au cheminement de l’être. Le temps, la langue, la communauté, l’identité sont les thèmes les plus souvent abordés.


***

Savanes infinies


savanes infinies qu’on croyait éteintes depuis toujours
la tendresse des fruits que nous mangeons vient
sans jamais cesser d’éveiller un travail
rendu visible un cou évitant pour mieux jouer
la gorge tremble accrochée aux frémissements
qui la font basculer en rêve sans répit
entendre l’énergie de cette rivière insensée
qui court se régénère et nous poursuit
rompue qui finit par se diviser
pied des monts selon qu’on arrive on repart
le secret de ces repaires encore mal détachés
la visite rythmée par la frappe la promesse
d’un avenir projeté et morcelé dans le récit
François Charron

***


Le soleil brillera demain


Ce matin il pleuvait sur la ville
Et ton cœur est mouillé de chagrin
Car le soleil a gagné l’exil
Et ton amour le même chemin
Tu refuses d’ouvrir les paupières
T’as fermé ta fenêtre à la vie
Tu ne respires plus que de la poussière
Tu ne crois plus à la poésie
Mais le soleil brillera demain
Ses rayons forceront ta fenêtre
Tu sentiras en toi tout renaître
Et la vie te tendra la main
Quant à l’amour que tu as perdu
C’est peut-être aussi bien de la sorte
Et dis-toi que la vie t’emporte
T’emporte vers un cœur inconnu
Monsieur Soleil depuis quelque temps
A séché les pavés de la ville
Et la fillette au bras d’un amant
Se promène, amoureuse et fragile
Moi, je la regarde tristement
À mon tour, j’ai perdu le sourire
Mais c’est elle qui est là pour me dire
Avec un petit air d’enfant
Le soleil brillera demain

Claude Gauthier


Claude Gauthier (1939…)
Né au Lac-Saguay dans les Laurentides. auteur, compositeur, chanteur, comédien, il fit ses débuts à l’époque des Boîtes à chansons.
Il remporte en 1961 avec sa chanson Le soleil brillera demain, le concours Les Étoiles de demain à CKVL ce qui donne le coup d’envoi à une belle et fructueuse carrière.

***
Profondeur de rêve


Tout l’eau des solitudes
Et le sable lent, lisse à souhait
Dans l’instant ou ton être a surgi .
L’ombre jetée sur la mer. pâle
Comme un débris de couleur
L’ouvrage agrandi de tes prunelles
Dans le sang suspendu aux embruns .
L’or pris à la gorge, l’or rare
Des feuilles captives du vent .
Le grand désordre des graminées
Dans le bois des avalanches endormies .
Quand épée de pluie, phares,
frondes, herses, pales, pics
et couteaux de chair vive ,
sous l’abondance de ciels troués
plantent leurs larmes, leurs crocs de lumière
dans le ventre lacéré des écorces
en arrachant un cri à la hauteur du temps
du feu porté aux fleurs de l’écume
pour disparaître avec l’épave des nuits
dans la fournaise blanche de mes songes.
Éric Allard


Éric Allard (1959 - ….)
Né à Charleroi en Belgique, il est professeur de mathématiques.
Il nous offre des poèmes inspirés par l’amour et la nature.

***
Le secret


Tout au fond de l’océan
Gît un coquillage arc-en-ciel,
Il est là, toujours, brillant paisiblement
Sous les plus hautes vagues des tempêtes
Comme sous les bienheureuses vaguelettes
Que le vieux Grec appelait rides de rire.
Écoute – tout au fond de l’océan
Le coquillage arc-en-ciel chante,
Il est là, toujours, chantant silencieusement.

Katherine Mansfield


Née à Wellington en Nouvelle Zélande, son premier ouvrage fut publié alors qu’elle n’avait
que 9 ans.
Ses écrits mettent en relief sa grande solitude et l’étroitesse d’esprit de la société dans
laquelle elle évoluait. Elle fut fortement influencée par Anton Chekhov.

***
Lettre


Tu m’as dit si tu m’écris
Ne tape pas tout à la machine
Ajoute une ligne de ta main
Un mot un rien oh pas grand chose
Oui oui oui oui oui oui oui
Ma Remington est belle pourtant
Je l’aime beaucoup et travaille bien
Mon écriture est nette est claire
On voit très bien que c’est moi
qui l’ai tapée
Il y a des blancs que je suis seul à savoir faire
Vois donc l’œil qu’à ma page
Pourtant, pour te faire plaisir j’ajoute
à l’encre
Deux trois mots
Et une grosse tache d’encre
Pour que tu ne puisses pas les lire.

Blaise Cendrars

Poète et nouvelliste, né à Chaux-de-Fonds en Suisse, il quitta le foyer paternel à l’âge de 15 ans et se rendit à Moscou.
Il est considéré comme une figure dominante de la littérature d’avant la Première Guerre Mondiale. Son célèbre poème-fleuve La prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France est sans doute la plus connue de ses œuvres.

***
Quand il neige sur mon pays


Quand il neige sur mon pays
De gros flocons couvrent les branches.
Et les regards sont éblouis
Par la clarté des routes blanches .
Et dans les champs ensevelis,
La terre reprend le grand somme
Qu’elle fait pour mieux nourrir l’homme,
Quand il neige sur mon pays
Quand il neige sur mon pays,
On voit s’ébattre dans les rues
Les petits enfants réjouis
Par tant de splendeurs reparues.
Et ce sont des appels, des cris,
Des extases et des délires,
Des courses, des jeux et des rires,
Quand il neige sur mon pays.
Quand il neige sur mon pays
C’est que tout le ciel se disperse
Sur la montagne et les toits gris
Qu’il revêt de sa claire averse, ou qu’une avalanche de lis
De sa pureté nous inonde…
C’est le plus beau pays du monde
Quand il neige sur mon pays !


Albert Lozeau


Né à Montréal. Devenu paralysé à 18 ans, il se consacre alors entièrement à l’écriture.
Sa poésie exprime son amour de la nature québécoise. « L’âme solitaire » publié en 1907 montre bien ses émotions et l’étendue de sa solitude.






Histoire de la poésie française

explosion de l’Humanisme : Renaissance, poésie lyrique
retour aux œuvres gréco-latines
La Pléiade


Groupe de jeunes amis poètes réunis pendant une dizaine d’années autour de la création de la création d’une grande poésie française. Ce sont des humanistes. Ronsard, Du Bellay,… ; premier nom : « La Brigade »

Buts :

• Enrichir la langue par l’importation de mots grecs et latins
• Règles précise de versification
• Retour aux formes antiques (satire, élégie, épître, comédie, tragédie, épopée)
• Parmi les formes poétiques récentes, seul le sonnet est conservé
• Poésie orale

XVIIème siècle
: mouvements divergents : baroque / classicisme

Le baroque précède et accompagne le classicisme

1) Le Baroque

• Richesse des images et de l’imaginaire
• Composition complexe
• Métaphores pittoresques et expressives

A partir de 1620 :

• Progrès de l’imprimerie
• Paix (Edit de Nantes)
• développement des cours princières

ce qui favorise la création poétique.
Exemple : Pierre de Marbeuf

1640 :

• Guerre civile ( La Fronde)
• Farce, œuvres burlesques

Exemple : Paul Scarron

Poésie précieuse : rendre les mœurs de la Cour et de la société moins grossière et cultiver la délicatesse et les jeux de mots qui révèlent « L’esprit »
Exemple : Madeleine de Scudéry

2) Le Classicisme

• Clarté du vocabulaire
• Rigueur des règles d’écriture
• C’est Boileau, au début du XVIIème siècle qui définit les règles du classicisme et les formes :
• Tragédies
Exemple : Racine
• Epopées ( + allégories)
• Comédies
Exemple : Molière

XVIIIème siècle
: Les Lumières

• Peu de poésie
• André Chénier, marqué par le classicisme et l’Antiquité
• Rousseau et Diderot mettent en place le préromantisme

XIXème : l’age d’or de la poésie

• le romantisme

1. Il commence à la fin du XVIIIème avec Rousseau et en France et surtout Goethe en Allemagne.
2. Favorise la sensibilité et l’individualisme
3. Le mouvement se renforce en Allemagne, Angleterre, Italie
4. Tardif en France
5. Concerne aussi la peinture et la musique
6. Attirance pour l’absolu : amour, idéal, religion
7. Retour à l’irrationnel et à l’affectif
8. Malaise vague : « Le mal du siècle »
9. Insatisfaction devant un monde décevant dominé par des considérations matérielles
10. Refus des règles classiques ; amour de la liberté mais la Pléiade n’est pas remise en cause
11. Culte du moi et expression des sentiments et états d’âmes personnels
12. Cependant, chaque auteur adopte des esthétiques différentes

Exemples :

A: Lamartine, « Méditations poétiques » grand succès
B : Alfred de Vigny « Eloa » (épopée)
C : Théophile Gautier
D : Alfred de Musset
E : Modèle : Victor Hugo (drames), célèbre grâce à sa préface de Cromwell (1827)
F : Shakespeare (drames)

• Le Parnasse

1. Un groupe de jeunes poètes, réunis sous un éditeur commun, donne à sa revue le nom de la montagne sur laquelle les anciens Grecs plaçaient le séjour d’Apollon et des Muses : le Parnasse
2. Garde du romantisme l’horreur du quotidien, l’absolu
3. Rejette les lamentations
4. Certains poèmes en prose
5. Baudelaire : « sonnets libertins »

Exemples :

A: Leconte de Lisle (le principal)
B : José Maria de Heredia
C : Théodore de Banville (« Petit traité de versification française » très rigoureux)
D : Baudelaire, Verlaine, Mallarmé, Rimbaud, pendant un certain temps seulement

• Le symbolisme

1. Mis en place par Jean Moréas. Veut s’opposer au réalisme dit « scientifique »

But : exprimer une vérité idéale qui se cache sous le monde concret des apparences : « L’Idéal »
1. Tristes réalités quotidiennes
2. Nombreuses analogies, métaphores

Exemples :

A : Baudelaire
B : Rimbaud
C : Verlaine
Mouvement dispersé :

-Laforgue : « décadent » invente le vers libre
-Moréas revient vers le classicisme et l’Antiquité
-Mallarmé : poésie ésotérique et formelle

* Contestation de plus en plus radicale des règles de versification

XXème siècle : Rupture

• le surréalisme

1. Début du siècle : Apollinaire
2 .Puis dadaïsme :
-fondé par Tristan Tzara en 1916, vise la démolition totale de l’art
-groupe du Cabaret Voltaire : soirées et manifestations anarchistes et destinées à scandaliser les spectateurs
- « écriture automatique » : écrire spontanément sans aucune logique

1. 1925 : Aragon, Eluard
2. confits internes , suicides, exclusions…
3. les poètes surréalistes se veulent plus proche de l’alchimie ou de la « science » que de la création littéraire habituelle
4. hypnose
5. jeu des cadavres exquis
6. hasard
héritage du symbolisme

Péguy, Claudel, Valery…


Histoire de la poésie française


LE CORBEAU ET LE RENARD

Maître corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.

Maître renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :

" Hé ! bonjour, monsieur du Corbeau !
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !

Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois."

A ces mots le corbeau ne se sent pas de joie :
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.

Le renard s'en saisit, et dit : "Mon bon monsieur,
Apprenez que tout flatteur,
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :

Cette leçon vaut bien un fromage sans doute."
Le corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

Jean de la Fontaine

La perdrix

Quand la perdrix

Voit ses petits

En danger, et n'ayant qu'une plume nouvelle

Qui ne peut fuir encor par les airs le trépas,

Elle fait la blessée, et va traînant de l'aile,

Attirant le chasseur et le chien sur ses pas,

Détourne le danger, sauve ainsi sa famille ;

Et puis quand le chasseur croit que son chien la pille,

Elle lui dit adieu, prend sa volée, et rit

De l'homme qui, confus, des yeux en vain la suit.


Jean de la Fontaine


Le lion et le rat

Entre les pattes d'un lion,
Un rat sortit de terre assez a l'étourdie.
Le roi des animaux, en cette occasion,
Montra ce qu'il était et lui donna la vie.
Ce bienfait ne fut pas perdu.
Quelqu'un aurait-il jamais cru
Qu'un lion d'un rat eut affaire?
Cependant, il advint qu'au sortir des forets
Ce lion fut pris dans des rets,
Dont ses rugissements ne purent défaire
Sire rat accourut, et fit tant par ses dents
Qu'une maille rongée emporta tout l'ouvrage.

Patience et longueur de temps
Font plus que force ni rage.

Jean de La Fontaine



Le héron

Un jour, sur ses longs pieds, allait, je ne sais où,

Le héron au long bec emmanché d'un long cou :

Il côtoyait une rivière.

L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours ;

Ma commère la carpe y faisait mille tours

Avec le brochet son compère.

Le héron en eût fait aisément son profit :

Tous approchaient du bord ; l'oiseau n'avait qu'à prendre.

Mais il crut mieux faire d'attendre

Qu'il eût un peu plus d'appétit ;

Il vivait de régime, et mangeait à ses heures.

Après quelques moments, l'appétit vint : l'oiseau

S'approchant du bord, vit sur l'eau

Des tanches qui sortaient du fond de ces demeures.

Le mets ne lui plut pas ; il s'attendait à mieux,

Et montrait un goût dédaigneux

Comme le rat du bon Horace.

"Moi, des tanches ! dit-il ; moi, héron, que je fasse

Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ?"

La tanche rebutée, il trouva du goujon.

"Du goujon ! c'est bien là le dîner d'un héron !

J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux dieux ne plaise !"

Il l'ouvrit pour bien moins : tout alla de façon

Qu'il ne vit plus aucun poisson.

La faim le prit ; il fut tout heureux et tout aise

De rencontrer un limaçon.

Ne soyons pas si difficiles ;

Les plus accommodants, ce sont les plus habiles ;

On hasarde de perdre en voulant trop gagner.

Gardez-vous de rien dédaigner,

Surtout quand vous aurez à peu près votre compte...

Jean de La Fontaine

LISTE DES POÈMES DE L´AUTEUR : Jean de LA FONTAINE

Tuesday, November 17, 2009

Le vent

Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre ;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes.
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.

Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d'oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre ! -
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église.
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.

Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d'ahan,
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L'avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?

Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant Novembre.

Emile Verhaeren